Pourquoi n’est-on jamais toutes nues ?
Un jour, je me souviens, avec une amie, un été à dix sept ans, nous avons remonté le cours d’? Avec une amie ? Je n’ai plus cette proximité des premiers émois, où l’on dit tout, fait tout ensemble, ça me paraitrait incongru. Avec mon amoureux ? Alors il y aurait du désir, et je ne me sentirais pas fleur caillou rayon, je ferais l’amour c’est différent. Seule ? J’aurais trop peur de tomber sur un dingue.
Je suis jalouse de ces hommes qui, quand ils ont mis un but ou fait cuire une grillade, ôtent leurs t-shirts et se promènent torse nu. Je suis jalouse aussi de ceux qui se promènent tout nus sur les plages de Formentera, beaux à tomber par terre ou pas, que rien ne menace à part le ridicule et des coups de soleil déplacés.
Pourquoi les femmes nues sont-elles toujours objet de désir ? Ne peut-on pas être comme une statue grecque, un dieu du stade, juste un corps beau ? Dans « Monika », Bergman met en scène une jeune fille splendide et un peu folle, folle amoureuse, qui s’enfuit ave un garçon d’îles en îles sur l’archipel de Stockholm. A un moment du film, elle se déshabille. Lui, tend une main qu’elle refuse : elle veut juste aller se baigner toute nue. En toute innocence, à l’air pur. Impossible innocence ? Bergman finit par la punir : c’est une folle, elle est trop libre, elle abandonne même son enfant. Moi je voudrais juste me promener toute nue sans être folle ni chaudasse. Sans être rejetée ni désirée. Pas dans Paris bien sûr. Ni au Cap d’Agde. Juste nue avec les arbres nus.une rivière en Corse, il faisait chaud et ne voyant personne à l’horizon nous avons décidé de nous mettre toute nues, entièrement nues, pour jouir du soleil partout, pour se sentir rocher, caillou, eau, rayon, plante, Eve. Nous devions être drôlement jolies toutes les deux dans la fleur de notre adolescence. J’aimerais bien le faire encore. Mais comment